L'innovation au service de la sécurisation du circuit du médicament
La Pharmacie à Usage Intérieur (PUI) du Centre Hospitalier Le Vinatier, en partenariat avec le Pôle Achat et Ingénierie, a récemment modernisé son Plateau Technique de Dispensation Nominative des traitements. Cette nouvelle configuration permet à la fois d’améliorer la sécurisation du circuit de dispensation des médicaments pour plus de 700 patients (patients du CH le Vinatier et de la Clinique Saint Vincent de Paul) ainsi que leurs conditions de conservation, mais également de réduire l’exposition aux risques professionnels du personnel pharmaceutique grâce à la mise en place d’une enceinte de protection.
Pour rappel, en 2005, le CH le Vinatier a été, grâce à l’impulsion des Drs Rachel Megard et Fabienne Duchamp, l'un des tous premiers établissements de santé français à adopter la dispensation automatisée de médicaments, en sachets individuels et nominatifs, via un automate de reconditionnement. Depuis cette période, la Pharmacie n’a sans cesse souhaité améliorer ses pratiques en s’adaptant aux nouvelles recommandations.
L’innovation au service de la sécurité des professionnels, et de la sécurisation du circuit du médicament
Bien qu’automatisé, les automates de reconditionnement ont besoin pour fonctionner d’être alimentés manuellement en médicaments préalablement retirés de leur emballage d’origine (déblistérisation). Cette étape est entièrement informatisée depuis fin 2022, dans une logique de développement durable.
Cependant, la déblistérisation des médicaments est à risque :
- pour la sécurisation du circuit du médicament (notamment sur le plan du suivi de la traçabilité ex : identification, suivi du numéro de lot),
- pour les professionnels, car elle expose les préparateurs en pharmacie à des gestes répétitifs et donc au risque de troubles musculo-squelettiques, mais également à des micropoussières médicamenteuses (jusqu’à 10 000 médicaments déconditionnés en une journée).
Pour pallier ce risque, la PUI, accompagnée par le service de santé au travail et les services techniques, a installé une enceinte de protection spécialement conçue pour la manipulation de poudre chimique dans la zone de déconditionnement. D’une superficie de 6 mètres carrés, celle-ci offre un espace de travail sécurisé pour plusieurs opérateurs équipés d’éléments de protection individuelle, en limitant ainsi le risque d'inhalation de poudres (qui sont poussées vers le sol grâce à un flux d’air vertical, puis aspirées). Cette enceinte de protection, qui permet également d’éviter la dissémination des contaminants dans l’environnement, est intégrée dans une Zone à Atmosphère Contrôlé (ZAC).
Cette ZAC, accessible par un sas en surpression, possède un taux d’hygrométrie, une température et un niveau d’empoussièrement contrôlés afin de préserver la qualité des médicaments déconditionnés. Des filtres anti-UV ont également été installés aux fenêtres pour protéger les principes actifs d’une dégradation accélérée.
L'automatisation de la dispensation médicamenteuse au service de la sécurité des patients
Deux nouveaux automates de dispensation (ATDPS NS 360 de la marque JVM) ont également été installés dans cette ZAC.
Ces deux automates de dispensation, nouvelle génération, permettent de sécuriser la dispensation des traitements (organisation avec un système en « back up » pour limiter l’impact d’un aléa technique), mais également d’optimiser la production et la dispensation des médicaments par les préparateurs en pharmacie. Néanmoins, ces dispositifs ne sont pas destinés à remplacer l’individu (nécessité de nombreuses étapes manuelles) mais plutôt à lui permettre de prendre en charge un volume de production plus important.
En complément de ces deux machines, l’ajout d’un contrôleur optique (basé sur une photothèque médicamenteuse spécifique au CH Le Vinatier) permet d’analyser l’ensemble des sachets de traitements produits de façon automatisée. Celui-ci permet ainsi d’améliorer la sécurisation du circuit de dispensation en détectant une erreur qualitative (ex : inversion de médicaments) ou quantitative (ex : médicament manquant ou en trop), et permet également d’assurer une traçabilité de chaque sachet délivré aux unités de soins (chaque sachet est automatiquement photographié puis archivé). Les sachets de dispensation mis en alerte font secondairement l’objet d’un contrôle humain et éventuellement d’une action corrective avant dispensation aux unités de soins.
Enfin, toujours dans une logique d’innovation et d’amélioration des pratiques, après la sécurisation de la production des traitements, d’autres projets sont actuellement en cours au sein de l’équipe pharmaceutique, comme :
- L’installation d’un outil de requêtes, basées sur le croisement dynamique en temps réels des données pharmacologiques et biologiques des patients, permettant de cibler les patients les plus à risque, ou de repérer certains évènements iatrogènes.
- La réflexion sur le développement d’un système permettant la sécurisation de l’administration, et plus particulièrement la prévention des événements d’identitovigilance.