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TDAH chez les enfants sans-abri : une prévalence alarmante
Mis en ligne le 27 mai 2025
Près d’un quart des enfants et adolescents sans-abri souffrent de TDAH, un taux bien supérieur à la moyenne. Une étude internationale alerte sur cette vulnérabilité méconnue.
Une méta-analyse récente, publiée en avril 2025, révèle que 22,8 % des enfants et adolescents sans domicile fixe présentent un Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH). Ce chiffre est près de quatre fois supérieur à la prévalence observée dans la population générale, estimée à 5,9 % selon la World Federation of ADHD.
Des chiffres qui interpellent
L’étude compile les données de 13 recherches menées sur 2 878 jeunes sans-abris à travers le monde. Les prévalences de TDAH varient de 1,6 % à 64,5 % selon les études.
→Consulter les données de la World Federation of ADHD
Cette forte variabilité s’explique par des méthodologies différentes et des contextes socio-économiques contrastés. La prévalence moyenne élevée reste toutefois un signal d’alerte important pour les professionnels de santé.
L’adolescence, une période à risque
L’analyse montre que les adolescents de 12 ans et plus présentent un taux de TDAH de 43,1 %, contre 13,1 % chez les enfants plus jeunes. Cela peut s’expliquer par le fait que les enfants de moins de 12 ans sont généralement SDF avec leurs familles du fait de difficultés socio-économiques tandis que les adolescents (plus de 12 ans) sont généralement SDF seuls sans leurs familles du fait de carences familiales, de troubles du comportement, de problématiques addictives, etc.
→Lire les recommandations de la HAS sur le TDAH
Une vulnérabilité accrue
Les enfants sans-abri sont confrontés à une grande instabilité, des ruptures familiales, des traumatismes, une insécurité chronique. Ces conditions peuvent exacerber les symptômes du TDAH ou retarder le dépistage.
Un TDAH non pris en charge entraîne souvent échec scolaire, troubles du comportement ou problèmes de santé mentale à long terme. Il devient alors un facteur aggravant de l'exclusion sociale.
Un enjeu pour les acteurs locaux
À Lyon et en région Auvergne-Rhône-Alpes, cette problématique concerne les professionnels de santé, travailleurs sociaux, et décideurs publics.
Le Vinatier s’engage à sensibiliser, à favoriser le repérage précoce du TDAH chez les jeunes précaires, et à promouvoir des dispositifs de prise en charge adaptés.
Vers une meilleure prise en charge
La stratégie nationale 2023-2027 sur les troubles du neurodéveloppement, dont le TDAH, insiste sur un diagnostic précoce et des interventions personnalisées.
Il est urgent de développer des parcours de soins spécifiques pour les enfants sans-abris afin d'assurer un accès équitable à la santé mentale. Cela implique un travail intersectoriel entre l’hôpital, les associations et les institutions publiques.