Actualités, Recherche

Symptômes psychotiques et traumatismes : les résultats d’une étude menée auprès de jeunes adultes

Mis en ligne le 19 décembre 2025

Les jeunes adultes qui traversent un premier épisode psychotique ont souvent une trajectoire de vie marquée par des expériences traumatiques. Cette étude menée à Lyon éclaire ces liens et souligne l’intérêt clinique d’intégrer l’histoire traumatique dans la prise en charge.

Comprendre le lien entre psychose et traumatisme

Les symptômes psychotiques chez les jeunes adultes sont le fruit d’interactions complexes avec l’environnement. Dans une étude qualitative menée au sein du programme PEP’S (Le Vinatier) à Lyon  la majorité des participants associent leurs événements de vie traumatiques à l’apparition d’un premier épisode psychotique.
Sur 17 jeunes adultes interrogés, 16 rapportent au moins un traumatisme, souvent multiple, et 11 relient directement ces expériences à leurs symptômes.

→PEP’s Hospit au Vinatier

Des symptômes vécus comme profondément angoissants

L’expérience psychotique est décrite comme un moment de peur intense, d’anxiété, de tristesse et d’impuissance. Lors des entretiens réalisés les patients évoquaient la présence :

  • D’hallucinations auditives ou tactiles,
  • D’idées de persécution,
  • D’une perte de contrôle,
  • D’un isolement important ou des stratégies d’évitement.

Ces manifestions cliniques, émotionnelles et cognitives sont source de détresse et sont illustratives de la nature des expériences par les patients.

Le traumatisme comme facteur déclenchant ?

L'étude montre que les participants établissent eux-mêmes ce lien, en évoquant des événements marquants tels que les abus sexuels, le harcèlement scolaire, la violence domestique, la négligence émotionnelle ou encore la perte d’un proche. Du point de vue des personnes concernées, ces expériences laissent une empreinte durable qui fragilise l’équilibre psychique.

Le contenu des symptômes reflète souvent le traumatisme vécu : menaces, contrôle, possession, persécution. Cette correspondance thématique nourrit de nouvelles hypothèses cliniques.

Associations spécifiques entre traumatismes et symptômes

Lors de l’analyse des entretiens, plusieurs liens entre expériences traumatiques et symptômes émergent.

  • Abus sexuels → hallucinations tactiles, idées de possession, hallucinations auditives.
  • Harcèlement et négligence émotionnelle → idées de persécution persistantes.
  • Violence domestique → soliloque (parler seul).
  • Négligence émotionnelle → idées de référence, méfiance centrale.
  • Abus émotionnel → comportement désorganisé.

Ces pistes sont préliminaires et doivent faire l’objet d’études épidémiologiques quantitatives.

Une démarche prometteuse

Pour 12 participants sur 17, parler de ces liens en entretien s’est avéré utile, voire apaisant.
L’étude suggère qu’intégrer les récits de vie, les émotions, et les hypothèses personnelles du patient permet de :

  • donner du sens aux symptômes,
  • améliorer l’alliance thérapeutique,
  • orienter les soins vers des approches trauma-informées,
  • réduire la détresse liée à la psychose.

Cette approche centrée sur la personne renforce une prise en charge plus humaine et efficace.

Ce qu’il faut retenir

L’entretien centré sur le vécu et sur les théories causales du patient apparaît comme un outil thérapeutique précieux : il aide à donner du sens aux symptômes, favorise l’alliance et ouvre la voie à une prise en charge trauma-informée.
Ces résultats encouragent un changement de regard dans l’accompagnement des premiers épisodes psychotiques, en plaçant au cœur du soin la compréhension fine du parcours de vie, des émotions associées et des vulnérabilités qui en découlent.

→Retrouver l’intégralité de la publication

Haut de contenu