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Stress et perception du temps : adapter l’accompagnement des patients

Mis en ligne le 03 décembre 2025

Une méta-analyse internationale révèle comment le stress physiologique influence notre perception du temps. En situation de stress, nous aurions tendance à surestimer les durées. Une piste clé pour mieux comprendre l’interaction entre stress et adaptation des comportements

Quand le stress déforme notre horloge interne

Lorsque la pression monte, notre corps s’active : cœur plus rapide, vigilance accrue, hormones du stress en hausse. Cette réaction bien connue pourrait aussi modifier la façon dont nous estimons le temps qui passe.
C’est ce que confirme une récente revue systématique et méta-analyse, qui rassemble les résultats de 15 études expérimentales.

Une tendance claire : le temps semble plus long sous stress

Les résultats montrent un phénomène constant : sous stress physiologique, les individus surestiment la durée d’un événement. Quelques secondes peuvent alors paraître beaucoup plus longues qu’en réalité.
Cet effet est qualifié de modéré mais robuste. Il apparaît dans l’ensemble des tâches utilisées pour mesurer la perception du temps, ce qui renforce la solidité du résultat.

Et en bref ?

En bref : lorsque le stress active notre organisme, l’horloge interne s’accélère. Cette accélération entraîne une dilatation subjective du temps. Autrement dit, une seconde réelle tend à être vécue comme plus longue lorsqu’on est stressé que lorsqu’on est calme.
Cette découverte nourrit la compréhension du lien entre stress, cognition, réactivité émotionnelle et fonctionnement cérébral.

Du symptôme à la pathologie

Ces conclusions rejoignent ce que rapportent de nombreuses personnes après un stress intense ou un événement traumatique. Beaucoup décrivent un temps qui “s’étire”, une scène qui paraît “interminable”, malgré une durée réelle relativement courte.
Chez les patients souffrant de trouble de stress post-traumatique (TSPT), cette altération de la perception du temps peut persister, contribuant à l’anxiété, à l’hypervigilance ou aux reviviscences.

Pourquoi est-ce important en psychiatrie et en santé mentale ?

L’étude ouvre ainsi une piste de recherche prometteuse : des exercices ciblant la correction de la perception temporelle pourraient-ils réduire certains symptômes ?
Deux éléments rendent l’hypothèse crédible :

  • améliorer la précision temporelle pourrait favoriser l’ancrage dans le présent, un levier connu pour diminuer l’anxiété ;
  • plusieurs structures cérébrales mobilisées pendant la perception du temps participent aussi à la réponse au stress, suggérant un mécanisme partagé.

Ces observations invitent à repenser l’accompagnement des patients confrontés au stress aigu, aux traumas et aux troubles liés au stress, en intégrant davantage la notion de temps subjectif dans les approches thérapeutiques.

Un champ encore peu exploré

La recherche reste jeune :

  • la plupart des études portent sur des volontaires sains ;
  • peu de travaux concernent les personnes souffrant de troubles anxieux, psychotiques ou dépressifs ;
  • le rôle du stress chronique demeure largement inconnu.

Ces limites ouvrent de nouvelles pistes pour mieux comprendre le lien entre stress, cognition et émotions au sein des établissements psychiatriques.

Un pas de plus vers la compréhension du stress

L’un des apports forts de cette méta-analyse est d’offrir une mesure précise, consolidée et statistiquement fiable de l’effet du stress sur la perception du temps.
Un résultat qui peut guider les futures recherches, mais aussi nourrir les pratiques cliniques.

→ Lire l’étude complète sur ScienceDirect 

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