Actualités, Recherche
Prévenir le suicide et mieux comprendre les psychoses débutantes : deux projets de recherche innovants en psychiatrie
Mis en ligne le 10 septembre 2025
Découvrez deux projets de recherche du Vinatier : une étude sur la prévention du suicide par la pair-aidance et la Hope Box, et une seconde sur la cognition et l’intégration en mémoire dans les psychoses débutantes. Des avancées clés pour la psychiatrie, la santé mentale et la santé publique.
Prévenir le suicide et mieux comprendre les psychoses débutantes : deux projets de recherche innovants en psychiatrie
L’édition 2024 des Projets de Recherche Vinatier a retenu neuf initiatives portées par les équipes de l’hôpital Le Vinatier – Psychiatrie Universitaire Lyon Métropole. Ce programme encourage les idées innovantes pour améliorer la prise en charge psychiatrique, la prévention et la recherche clinique.
Parmi ces projets, deux se distinguent en s’attaquant à une fenêtre de vulnérabilité précoce, c’est-à-dire des moments où l’intervention peut avoir un impact décisif :
- HOPAIR soutient les personnes suicidantes durant leur hospitalisation en unité de courte hospitalisation pour mieux préparer leur sortie.
- BIND cible les premiers épisodes psychotiques, une phase clé pour limiter l’aggravation des troubles et favoriser le rétablissement.
→Projets de recherche Vinatier « nouvelles approches thérapeutiques »
HOPAIR : pair-aidance et Hope Box pour prévenir le suicide
Le projet HOPAIR est mené par Tamara Vernet (IPA) au Vinatier (centre de prévention du suicide) et Priscilla Evo à l’Hôpital Édouard Herriot. Il cible un enjeu majeur : la prévention du suicide.
Chaque année, près de 200 000 tentatives de suicide sont recensées en France. Les premiers jours d’hospitalisation et la sortie sont une période à haut risque de réitération.
La Hope Box : un outil concret
La Hope Box est une boîte personnelle dans laquelle les personnes concernées peuvent placer des objets, photos, écrits ou souvenirs porteurs de sens et révélateurs de ses raisons de vivre. Il s’agit d’un outil pratique mobilisant les cinq sens et les stratégies de coping des personnes en cas de crise. Ainsi, la boite permet de se reconnecter à ce qui est précieux, rassurant ou inspirant dans sa vie pour maintenir l’espoir.
→Pour en savoir plus sur la prévention du suicide au Vinatier
La pair-aidance : l’expérience et l’expertise au service des soins
Les médiateurs de santé pair sont des professionnels ayant vécu des troubles psychiques. Ils sont formés pour accompagner et soutenir les personnes concernées en partageant leur expérience de rétablissement. Ces pairs renforcent l’engagement dans les soins, la connectivité et suscitent l’espoir.
Une intervention combinée et prometteuse
Le projet HOPAIR teste l’association de ces deux approches. L’objectif : mesurer la faisabilité et l’impact à trois mois sur l’intensité du désespoir, le sentiment d’efficacité personnelle et les raisons de vivre des personnes concernées.
→En cas d’idées suicidaires, contactez le 3114
BIND : mieux comprendre l’effet de l’émotion sur la mémoire dans les psychoses débutantes
Le second projet, BIND, est porté par Amélie Pavard avec l’appui de plusieurs chercheurs du Vinatier et de partenaires universitaires.
Les troubles du spectre de la schizophrénie figurent parmi les cinq premières causes d’invalidité dans le monde (OMS). Les psychoses débutantes, qui comprennent la phase prodromique (symptômes avant-coureurs d’une crise) et le premier épisode psychotique (PEP) représentent une fenêtre temporelle critique où l’accès aux soins est déterminant pour prévenir l’installation de troubles chroniques et soutenir un rétablissement de qualité.
Le rôle central de la mémoire
Des études montrent que les personnes avec une psychose émergente présentent des troubles de la mémoire épisodique et notamment d’intégration mnésique (binding). Ces difficultés affectent leur capacité à relier un souvenir à son contexte émotionnel, temporel ou spatial.
Évaluer l’intégration et l’émotion
Le projet BIND cherche à comprendre comment les émotions influencent la mémoire dans les psychoses débutantes.
L’étude compare des patients PEP à un groupe contrôle sur des tâches de mémoire émotionnelle, avec une mesure complémentaire de la variabilité cardiaque (HRV), prédicteur du fonctionnement exécutif et de régulation émotionnelle.
Vers de nouvelles stratégies d’intervention
Les résultats attendus pourraient ouvrir la voie à des outils cliniques de détection précoce et à des programmes de remédiation cognitive adaptés aux jeunes patients.
→Pour en savoir plus sur le service pour les premiers épisodes psychotiques
Une recherche clinique au service du soin psychiatrique
Ces deux projets illustrent l’engagement du Vinatier dans une recherche transdisciplinaire, au carrefour de la clinique, de la psychologie et des neurosciences.
- HOPAIR développe une prévention du suicide pragmatique et humanisée.
- BIND approfondit la compréhension des mécanismes cognitifs dans les psychoses débutantes.
Ces projets de recherche sont ancrés dans les priorités de santé publique. Ensemble, ils participent à renforcer la psychiatrie universitaire lyonnaise et à développer des approches innovantes au service des patients.