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Nature et santé mentale : des alliées pour les soins psychiatriques
Mis en ligne le 25 avril 2025
Et si la nature devenait un soin à part entière ? Réduire le stress, améliorer l’humeur, prévenir les troubles : les espaces naturels jouent un rôle essentiel pour notre santé mentale.
L'éloignement de la nature, un facteur de mal-être
Les études récentes sont claires : moins de nature, plus de souffrance psychique. Stress, anxiété, dépression et solitude sont davantage ressentis chez les personnes vivant loin d’espaces verts ou bleus. Une enquête menée aux États-Unis montre que 58 % des répondants se disent en « manque » de nature. Dans une autre étude, en France, seuls 37 % des sondés déclarent aller dans la nature chaque jour. Et pourtant, l’accès à des environnements naturels est associé à une meilleure santé mentale.
La nature : un facteur protecteur scientifiquement démontré
Des recherches internationales mettent en évidence un lien fort entre proximité et fréquentation de la nature et une diminution de la mortalité, des troubles psychiques et du stress chronique. Ces bénéfices sont mesurés par des marqueurs biologiques (cortisol, rythme cardiaque, etc.) et par des indicateurs de bien-être. Deux mécanismes principaux sont à l’œuvre :
- La récupération du stress : s’exposer à la nature permet une meilleure récupération après un stress.
- La restauration attentionnelle : la nature permet de reposer notre attention volontaire, souvent sursollicitée et réduit notre « fatigue mentale ».
Des soins psychiatriques en plein air : de nouvelles approches prometteuses
Plusieurs types d'interventions basées sur la nature sont déjà mises en œuvre dans le champ psychiatrique :
- L’hortithérapie (thérapie structurée s’appuyant sur les jardins ou confections végétales) : bénéfique pour les patients atteints de troubles dépressifs, schizophréniques ou de stress post-traumatique.
- Les bains de forêt (shinrin-yoku) : séances de marche en forêt, efficaces pour réduire l’anxiété et améliorer la régulation émotionnelle.
- Les thérapies par l’aventure : escalade, kayak ou randonnée, encadrées dans une visée thérapeutique, notamment en intervention précoce pour les troubles psychotiques.
- Les jardins thérapeutiques : présents en hôpital et en EHPAD, ces espaces multisensoriels contribuent à améliorer l’humeur et les fonctions cognitives.
- Les psychothérapies assistées par la nature : combinent des techniques classiques de psychothérapie à une immersion guidée dans des environnements naturels.
Un exemple au cœur du Campus Hospitalier
L’un des sites du Vinatier, le Campus Hospitalier (Bron), dispose dorénavant d’un espace de rééducation en plein air. Accompagné d’un jardin thérapeutique, cet espace offre aux usagers un cadre unique pour une rééducation sensorielle et motrice. Doté d’installations diversifiées, il répond aux besoins spécifiques de chacun, tout en permettant de tirer parti des bienfaits thérapeutiques de la nature tout au long du parcours de soin.
Une stratégie de santé publique
Au-delà des soins individuels, la nature s’impose comme un levier de prévention en santé mentale. Des programmes éducatifs comme les « classes dehors » ou des projets de prescription de nature se développent. Le programme québécois Prescri-Nature en est un exemple structurant : il guide les médecins dans l’intégration d’activités nature aux prescriptions de soins.
La végétalisation des espaces urbains, notamment dans des zones socialement défavorisées, permettrait aussi de réduire les inégalités de santé mentale.
Vers une psychiatrie plus verte
Le Vinatier – Psychiatrie Universitaire Lyon Métropole, à travers ses équipes de recherche et ses innovations thérapeutiques, s’inscrit dans cette dynamique. L’objectif ? Développer des interventions ancrées dans le vivant, favorisant à la fois le soin des personnes et la préservation de notre environnement. Cette approche écosystémique, articulée autour du concept de « santé globale », fait émerger une évidence : prendre soin de la nature, c’est aussi prendre soin de soi.