Actualités, Recherche, Evènements
Les Rencontres en santé mentale : le grand public, les chercheurs et des émotions
Mis en ligne le 19 décembre 2025
Comprendre les émotions pour mieux soigner. La 5ᵉ édition des Rencontres en santé mentale, organisée par l’Inserm et Le Vinatier, a réuni chercheurs et cliniciens autour d’un enjeu de notre espèce : la gestion des émotions. Un éclairage accessible, scientifique et clinique.
Le 24 novembre 2025, la Mairie du 6ᵉ arrondissement de Lyon a accueilli la 5ᵉ édition des Rencontres en santé mentale. Cet événement public, coorganisé par l’Inserm et Le Vinatier – Psychiatrie Universitaire Lyon Métropole, a mis en lumière les avancées de la recherche en santé mentale.
Le thème retenu, la gestion des émotions, concerne à la fois la psychiatrie, la psychologie, les neurosciences et le quotidien de chacun
Les émotions : des alliées de la raison
Longtemps perçues comme des obstacles à la rationalité, les émotions sont aujourd’hui reconnues comme des outils essentiels de décision.
Une émotion est une réponse psychophysiologique brève et intense. Elle engage :
- le corps (sensations physiques),
- les pensées,
- le comportement,
- l’interprétation du contexte.
Les émotions informent. Elles orientent l’action. Elles aident à s’adapter.
À quoi servent les émotions ?
Chaque émotion a une fonction adaptative.
- La tristesse signale un besoin de soutien.
- La colère pousse à réagir face à une injustice.
- Le regret aide à ne pas répéter les erreurs.
- La frustration invite à réajuster ses objectifs.
En clinique comme dans la vie quotidienne, les émotions sont des signaux, pas des ordres. Elles donnent une information précieuse, sans imposer une action immédiate.
Ce que disent les neurosciences
Les neurosciences confirment que les émotions ne sont pas localisées dans un « centre émotionnel » unique.
Grâce à l’IRM fonctionnelle (visualisation de l'activité cérébrale lors d'une tâche, par exemple), les chercheurs observent des réseaux cérébraux distribués. Chaque émotion active plusieurs régions du cerveau, de manière spécifique.
Les études de lésions cérébrales sont éclairantes :
- une atteinte du cortex préfrontal ventromédian altère la prise de décision,
- une lésion de l’amygdale perturbe les décisions sociales.
Sans émotions, la décision devient difficile, voire impossible.
Quand les émotions se trompent
Les émotions ne sont pas infaillibles.
Elles peuvent être mal attribuées. Une émotion forte peut persister et influencer une situation sans lien avec sa cause initiale. Ce mécanisme explique certains jugements hâtifs ou réactions excessives.
D’où l’importance de l’acceptation émotionnelle. Reconnaître une émotion, sans agir immédiatement, favorise le bien-être psychique.
Apprendre à réguler ses émotions
La régulation émotionnelle s’apprend dès l’enfance. Elle dépend fortement de l’environnement.
Trois leviers sont essentiels :
- l’observation des adultes,
- l’expérience par essais et erreurs,
- la validation émotionnelle.
Un environnement dit « validant » aide l’enfant à identifier, nommer et apaiser ses émotions. À l’inverse, un environnement invalidant fragilise cet apprentissage.
Dysrégulation émotionnelle : un enjeu clinique majeur
Lorsque la régulation échoue, on parle de dysrégulation émotionnelle.
Les émotions deviennent intenses, envahissantes, difficiles à contrôler. Ce phénomène est au cœur de certains troubles psychiatriques, notamment le trouble de la personnalité limite (dit borderline).
Au Vinatier, l’unité de Centre de Régulation Émotionnelle (CedRE) propose des prises en charge spécialisées. La Thérapie Comportementale et Dialectique (TCD) y occupe une place centrale.
Cette approche validée scientifiquement vise un équilibre entre :
- acceptation des émotions,
- apprentissage du changement.
Le visage ne dit pas tout
Peut-on lire les émotions sur le visage ? La réponse est nuancée.
Si certaines théories ont défendu l’existence d’émotions universelles, les recherches actuelles montrent que :
- les expressions faciales peuvent être contrôlées,
- leur interprétation dépend du contexte culturel,
- le visage n’est qu’un indice parmi d’autres.
Comprendre une émotion suppose d’intégrer le corps, la voix, les pensées et le comportement.
Une rencontre entre science, clinique et habitants du grand lyon
Cette 5ᵉ édition des Rencontres en santé mentale a croisé les regards de Jacqueline Scholl, chercheuse Inserm, et du Dr Cécile Giraudet, psychiatre et responsable de l’unité CedRE.
Elle illustre l’engagement de l’inserm et du Vinatier à diffuser une recherche utile, accessible et ancrée dans la pratique clinique.
- Plus d’information sur l’inserm en Auvergne Rhône-Alpes




