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Coca*ne et sommeil : effets durables de la consommation sur le sommeil
Mis en ligne le 18 août 2025
Nouvelle étude du Service Universitaires d'Addictologie de Lyon – Le trouble lié à l’usage de coca*ne perturbe durablement le sommeil, même après l’arrêt de la consommation. Une revue systématique éclaire les impacts biologiques et chronologiques de l’addiction à cette drogue
Une recherche issue du SUAL et du laboratoire PSYR2
Le Service Universitaire d’Addictologie de Lyon (SUAL) signe une publication scientifique majeure dans Neuroscience & Biobehavioral Reviews. Cette revue systématique et translationnelle est le fruit du travail d’Ilona Medigue, doctorante en neurosciences, encadrée par le Pr Benjamin Rolland (addictologie) et la Pr Laure Peter-Derex (médecine du sommeil).
Cette publication se distingue par son approche innovante, en étant la première à combiner une analyse systématique rigoureuse des mesures objectives du sommeil dans le trouble de l’usage de la coca*ne, et une perspective translationnelle, intégrant à la fois les données humaines et animales.
→Lire l’article scientifique sur ScienceDirect
Coca*ne et troubles du sommeil : ce que montre la science
Le trouble lié à l’usage de coca*ne (TUC), ou CUD (Cocaine Use Disorder), entraîne des altérations significatives du sommeil. Ces perturbations ne se limitent pas à la période de consommation : elles évoluent au fil du sevrage et peuvent persister à long terme.
Cette étude analyse 19 études incluant des sujets humains et des modèles animaux, ce qui permet d’observer ces effets dans des conditions contrôlées, en éliminant les biais liés aux comorbidités ou aux traitements. La revue s’intéresse aux mesures objectives du sommeil obtenues grâce à la polysomnographie (étude du sommeil d’un patient), comme la durée totale de sommeil, le sommeil paradoxal (ou rapide eye movement) ou encore l’efficacité du sommeil.
Quels effets de la coca*ne sur le sommeil ?
Lors de la consommation, les résultats convergent :
- Durée totale de sommeil réduite.
- Temps d’endormissement allongé.
- Sommeil moins efficace, plus fragmenté.
- Sommeil paradoxal réduit, surtout en période d’usage actif.
Pendant le sevrage précoce, on observe un phénomène de « rebond rapide eye movement», avec une reprise transitoire du sommeil et du sommeil paradoxal. Mais cette amélioration ne dure pas : au bout de quelques jours, le sommeil devient très fragmenté et de mauvaise qualité, avec des réveils fréquents et une baisse du somment profond.
Ces troubles peuvent persister longtemps et, à ce jour, aucun traitement spécifique n’a démontré son efficacité. Une normalisation peut survenir à long terme, mais elle reste hétérogène selon les individus.
Pourquoi ces résultats sont essentiels ?
Le sommeil est un facteur clé dans le rétablissement des personnes souffrant d’un trouble addictif. Ces données soulignent la nécessité d’intégrer une prise en charge du sommeil dans les traitements proposés.
La revue met également en lumière les effets de la dopamine et de la noradrénaline, deux neurotransmetteurs perturbés par la coca*ne. En bloquant leur recapture, la coca*ne entraîne une accumulation excessive de ces substances dans le cerveau. D’une part, cette hyperactivation est à l’origine des effets stimulants, euphorisants... D’autre part, elle aussi sources de perturbations du sommeil.
COKELUX : la luminothérapie comme soutien au sevrage
En parallèle de cette revue, le SUAL mène une autre étude innovante : COKELUX, centrée sur l’usage de la luminothérapie pendant le sevrage hospitalier de la coca*ne. Ce dispositif médical vise à améliorer la qualité du sommeil en resynchronisant les rythmes biologiques perturbés chez les patients en cours de sevrage. L’étude, sur le point de débuter, mobilisera plus de 250 participants dans un essai clinique randomisé multicentrique. Une avancée prometteuse qui pourrait ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques pour les personnes souffrant de dépendance à la coca*ne.
Une approche personnalisée du soin
Face à ces troubles persistants du sommeil, les auteurs recommandent de développer des interventions thérapeutiques ciblées. Celles-ci pourraient renforcer l’efficacité des traitements addictologiques et prévenir les rechutes.
Le sommeil, souvent négligé, pourrait devenir un levier thérapeutique majeur dans la prise en charge du TUC.
– Pr B. Rolland
Pour aller plus loin :
- Découvrir le SUAL – Service -Universitaire d’Addictologie de Lyon
- En savoir plus sur le laboratoire PSYR2




