Claude, notre ami et camarade, est décédé dans la matinée du 8 février. Ce décès survient alors que nous pensions lancer un débat sur la création d’une université critique de psychiatrie, prolongement de plus de 30 ans d’histoire commune.
Celle-ci s’est construite dans les années post-soixante-huit dans l’utopie concrète du mouvement désaliéniste et dans l’engagement au soutien du mouvement de désinstitutionnalisation italien, en particulier avec la création du Cheval Bleu, en référence à Trieste et à la fermeture des asiles, puis dans la création de l’association Accueil avec Ginette Amado, le programme Horizon européen d’insertion des patients dans l’économie solidaire et dans la création du CEDEP en 1989. Cette histoire a été celle de l’Union Syndicale de la Psychiatrie, des suites congrès du discours de Jacques Ralite en 1981 à Sotteville-les-Rouen et du rapport Demay de 1982.
Claude et son équipe du secteur de psychiatrie infanto-juvénile du nord des Hauts-de-Seine, étaient intervenus au premier séminaire de l’Orspere à l’Arbresle pour présenter leurs pratiques sur le territoire en lien étroit avec les intervenants du social, de l’Éducation Nationale, de la Justice et des associations culturelles.
Avec Claude ce qui nous a réuni s’est traduit par la création des collectifs « des 39 », de « non à la Politique de la Peur » et de « mais c’est un Homme » dans un contexte de résistances à la dégradation de la psychiatrie publique de secteur et singulièrement de la marginalisation de la psychothérapie institutionnelle, du retour au tout sécuritaire de ces dernières années qui se sont traduits
La conjonction de réflexions et d’actions sont un des héritages de Claude, dont la collection Erasme aux éditions ERES témoigne, dont l’enjeu est bien politique et de défense d’une pensée critique. Il nous stimule à créer de nouvelles pratiques humaines dans une société où les valeurs sont en crise.