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Une nouvelle piste pour la mesure et l’entraînement des capacités d’intéroception

Mis en ligne le 09 mars 2022

Matias Baltazar, Psychologue et Docteur en Psychologie, et Marie-Maude Geoffray, Médecin Psychiatre de l’Enfant et de l’Adolescent, sont tous deux membres du SUNRISE. Ils sont à l’origine de la publication "Neural correlates of interoceptive accuracy: Beyond cardioception", parue dans l’European Journal of Neuroscience.

Intéroception et prise de décision

Être capable d’évaluer les signaux qui émanent de son propre corps est une capacité fondamentale pour prendre des décisions au quotidien. C’est cette capacité (aussi appelée intéroception), qui nous permet de choisir ce que l’on va manger ou boire, quelle personne on va approcher lorsqu’on a besoin d’aide, ou encore si on est assez en forme pour faire tel ou tel effort physique. En effet, cette capacité permet d’attribuer une valeur à différents choix, en fonction de l’impact de ces choix sur notre physiologie. Toutes les expériences associées à un mieux-être physiologique vont être recherchées, et les autres vont être évitées.

Limites des mesures actuelles de l’intéroception

Dans le domaine de la recherche, cette capacité a longtemps été étudiée en utilisant la tâche dite de « comptage de battements de cœurs ». Cette tâche demande de « ressentir » et de compter ses propres battements de cœur, sans prendre son pouls avec la main, dans un intervalle de temps donné. On compare ensuite le nombre réel de battements de cœur avec le nombre donné par le participant. Bien que très intéressante, cette approche est relativement limitée. Premièrement, les battements de cœur ne sont pas le seul signal corporel important à prendre en compte pour faire un choix.

Il y a aussi :

  • la température corporelle,
  • le rythme respiratoire,
  • l’oxygénation du sang, etc.

Deuxièmement, cette tâche est assez éloignée de la vie quotidienne, puisque compter ses battements de cœur n’a pas de fonction biologique en soi. Ce qui est important au quotidien c’est de prendre en compte ses signaux corporels dans leur ensemble et en rapport avec une situation donnée pour ensuite prendre la meilleure décision possible.

Une nouvelle mesure de l’intéroception

Pour corriger ces aspects, nous avons proposé une nouvelle tâche pour mesurer l’intéroception. Dans cette tâche, les participants observent des photos susceptibles d’évoquer une réaction émotionnelle. On leur demande ensuite d’évaluer l’intensité des changements corporels ressentis face à l’image. On compare enfin cette réponse à leur véritable réponse physiologique (leur réponse électrodermale). Plus leur réponse subjective correspond à leur réponse physiologique, meilleure est l’intéroception. Cette tâche permet de mesurer l’intéroception sans se baser uniquement sur du comptage de battements de cœur, et dans un contexte où les signaux corporels ont un sens puisqu’ils reflètent une réponse émotionnelle à un stimulus extérieur. Cette approche nous a permis d’identifier des zones cérébrales jusqu’alors non identifiées comme étant impliquées dans l’intéroception.

Une nouvelle piste pour les personnes qui souffrent de difficultés intéroceptives

Notre travail est prometteur pour les personnes avec difficultés d’intéroception, qui sont nombreuses en psychiatrie. En effet, des difficultés de cet ordre ont été retrouvées dans l’autisme, la dépression, l’anxiété (pour ne citer que ces troubles). En effet, il pourrait être intéressant d’utiliser notre tâche dans un paradigme de neurofeedback pour aider les personnes à augmenter leur intéroception, en leur indiquant au fur et à mesure le degré de décalage entre leur jugement concernant leurs signaux corporels, et l’intensité de ces signaux. Un tel entraînement pourrait ensuite avoir des effets bénéfiques sur la prise de décision au quotidien.

 

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